Le tir au canon méridien au Croisic
Le tir au canon méridien représente l’une des attractions estivales les plus captivantes du Croisic, se déroulant chaque jeudi à midi tapant.
Un spectacle particulier
On pourrait s’attendre à une reconstitution inspirée de Pirates des Caraïbes, avec un ancien canon émettant un boulet et une épaisse fumée. Cependant, la réalité est légèrement différente. Ce spectacle propose une démonstration visuelle du calcul de l’heure exacte à l’aide d’un cadran solaire, accompagné d’un coup de canon à la seconde près. Ce cadran a été conçu et monté par deux habitants du Croisic, Claude Sistac et Alfred Gadeceau. La réalisation a été possible grâce à la fonderie nantaise Havard et au lycée professionnel Jean Brossard de Saint-Nazaire, avec son installation datant de 2004.
La vérité derrière l’heure de midi
Depuis cette année, chaque été, Claude Sistac prend le temps d’expliquer à son public la méthode intrinsèque permettant de déterminer l’heure exacte. Le point culminant de cette mini-conférence est, bien sûr, le coup de canon et le carrefour des cloches. Un moment pédagogique que beaucoup retiennent surtout pour le tir du canon à midi préci. À noter que ce n’est pas le gros canon à gauche, mais un petit dissimulé sous un recouvrement plastique pour le protéger de l’humidité ambiante ce jour-là.
Claude, avec une touche d’humour dans son exposé, démontre une connaissance impressionnante sur le sujet. Ainsi, une demi-heure avant le coup, il s’engage à éclaircir le pourquoi du comment.
Pourquoi un cadran solaire ?
« Pourquoi installer un cadran solaire au Croisic alors que chacun possède une montre à quartz ? » La réponse est simple : « Parce que deux Croisicais ont proposé au maire de créer un cadran solaire capable d’indiquer l’heure exacte, qui diffère de l’heure civile ». (C.Q.F.D.).
On découvre que Galilée, en 1640, et d’autres astronomes ont recueilli des données précieuses, sans ordinateur ni technologie moderne, pour ajuster l’heure solaire à notre époque. Ainsi, le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest, mais il se lève plus tôt à Strasbourg qu’à Brest. Donc, des ajustements s’imposent grâce à ce fameux cadran solaire.
En résumé, Le Croisic reçoit les rayons du soleil dix minutes après qu’ils soient passés directement au-dessus du méridien de Greenwich. C’est le premier ajustement à considérer, mais il y en a d’autres. Le cadran prend aussi en compte le changement d’heure (été et hiver) et se dote d’une couronne graduée ajustable. Un autre facteur à inclure est la position du soleil par rapport à la terre selon les jours de l’année (courbe de l’écliptique).
Les complexités de l’écliptique
Claude invite une jeune fille à énoncer cette variation, consignée sur un tableau et calculée pour la date en cours. « Quel mois sommes-nous ? » demande-t-il. La petite répond : « L’été ». Malheureusement, ce n’est pas tout à fait juste ! D’autres paramètres doivent encore être intégrés, étant donné que la terre est inclinée de 23 degrés sur son axe et ne tourne pas en parfait rond.
Il explique également l’inclinaison du cadran et, à trois minutes de l’heure H, dévoile un ingénieux mécanisme, semblable à une grande loupe connectée à des fils et à une cloche de bateau. C’est un dispositif digne d’un « Géo Trouvetout » qui doit également faire fonctionner le canon vert.
« Rassurez-vous, même sans soleil, le canon ne manquera pas de tirer », affirme-t-il, car c’est bien le moment tant attendu. « Le mécanisme est également synchronisé avec une horloge atomique à Francfort, qu’on reçoit par radio, et qui déclenche le tir du canon, puisque les fusées sont lancées électriquement ».
Le temps passe, midi résonne ; le canon tonne, et les cloches carillonnent. Un moment magique.
À propos du Mont Lénigo
Le Mont Lénigo est une colline artificielle située à la fin des quais du Croisic. Il a été érigé au début du XIXe siècle avec le lest laissé par les navires qui venaient charger le sel des marais salants, tout comme le Mont Esprit, à l’entrée de la ville, du côté de la gare SNCF.