Jacques et Raoul : « Pendant ce temps, ils font tourner la manivelle »

Un Trio Incontournable au Cœur de La Cité

Au Croisic, ils sont trois figures emblématiques : Jacques, Raoul et Monig, l’épouse de ce dernier. Ensemble, ils animent la ville avec leurs orgues de Barbarie, installés à chaque rue. Jacques et Raoul, surnommés « La boîte à bobards » et « Captain Malo », sont de véritables personnages charmeurs avec une apparence soignée qui enrichit le paysage culturel local. Lors d’événements festifs, marchés, brocantes, cérémonies publiques ou privées, ils font vibrer la musique et entraînent le public dans des chants joyeux. Bien que cette activité leur génère des revenus, leur désir principal est de partager leur passion musicale avec chaque génération. Ces petits portraits se dessinent en toile de fond dans un ambiance vivante et nostalgique des rues piétonnes.

Une Musique Envoûtante et Connective

Les passants les croisent souvent sans s’attarder, mais la mélodie reste gravée dans les esprits. Parfois, l’attention est captée par une note ou un refrain, ou par l’émerveillement des enfants, captivés par le papier de musique s’engouffrant dans l’orgue pour ressortir mélodieux. Jacques et Raoul, avec leurs barbes et moustaches, affichent un sourire complice. Un marché aux puces, des pavés, des dizaines de passants et l’atmosphère d’un soir d’été créent une ambiance rappelant Montmartre, enrichie par la musique inimitable de l’orgue de Barbarie. Il n’est pas surprenant que la région soit le berceau des « tourneurs de manivelles » du Grand-Ouest.

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Des Parcours Personnels Unis par la Musique

Retraités, Jacques a fait ses preuves dans le cirque et les fêtes foraines, tandis que Raoul était professeur d’histoire-géographie à Guérande. Jacques a posé ses valises au Croisic il y a dix mois avec son épouse, également artiste. Raoul, natif du Croisic, partage cet art avec Monig, sa femme qui est institutrice et aussi détentrice d’un orgue. Ces artistes de rue évoquent des souvenirs d’enfance et un amour fascinant pour la musique : « Quand j’étais petit à Paris, écouter les orgues de Barbarie me remplissait d’émerveillement. Un jour, j’ai décidé d’en acheter un », raconte Raoul, alias Captain Malo.

Les Anecdotes et l’Art de la Rue

Jacques embellit leurs performances avec des paroles pleines d’anecdotes. Il se souvient d’une petite fille de huit ans qui lui a demandé avec innocence si les étoiles savaient jouer de la belle musique. Ces échanges illustrent parfaitement la magie des tourneurs de manivelles et leur lien spécial avec le public. « Parfois, nous ne plaisons pas à tous, mais notre présence est désormais mieux acceptée. Autrefois, la gendarmerie nous aurait expulsés. Aujourd’hui, nous sommes intégrés et respectés », explique Jacques. Avec humour, ils partagent que les riverains, parfois, leur suggèrent d’aller jouer ailleurs. « J’ai même trouvé des boules Quies dans mon chapeau », rit Jacques.

Un Répertoire Éclectique et Solidaire

Leur répertoire surprend par son éclectisme, allant des classiques de la chanson française au rap. Les playlists captivent un large public de tout âge. L’orgue devient un vecteur de rassemblement, incitant les gens à chanter et danser. Bien entendu, un incontournable comme « Mon amant de Saint-Jean » fait partie des tubes. Leur look s’accorde parfaitement avec l’instrument, mais ils n’oublient jamais que l’orgue de Barbarie a des racines modestes : « C’était l’instrument des pauvres, offert aux soldats après la guerre du XIXe siècle », rappellent-ils.

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Un Partenaire de Passion et de Collaboration

La solidarité entre tourneurs de manivelles, comme Jacques et Raoul, provient sans doute de ces origines. « Accueillir Jacques m’a réjoui, c’est un ami avec qui partager cette passion. Ensemble, nous pouvons faire grandir notre communauté de musiciens au Croisic », témoigne Raoul. Tous deux font partie de l’association « Chante la rue, chante ! » qui leur fournit un cadre légal et promeut la musique auprès des jeunes. Ils participent également à de grands festivals d’orgues en France, tels que ceux de Dijon, Les Gêts ou encore Pontrieux, et Raoul s’apprête même à se rendre en Roumanie.

Une Passion Qui Ne S’éteindra Jamais

Jacques et Raoul, pleins d’enthousiasme et de tendresse pour leur art, ne sont pas près de cesser de faire tourner la manivelle. Et tout en continuant à jouer, ils affirment avec un brin de malice : « Chanter sur les bancs publics, oui, chanter sur les bancs publics ».

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