Anaïs Lelièvre et l’Erika : Entre Ombre et Lumière dans l’Art de l’Artiste

Aperçu sur l’œuvre d’Anaïs Lelièvre liée à l’Erika

Il y a 11 ans, le désastre causé par l’Erika a effacé les couleurs de la célébration du nouveau millénaire. Aujourd’hui, l’artiste Anaïs Lelièvre ravive cette mémoire à travers son travail sur la commune du Croisic. Actuellement en doctorat d’arts plastiques à Paris-Sorbonne, cette étudiante aux racines croisicaises a plongé dans le passé afin d’explorer la catastrophe de la marée noire.

Un projet artistique centré sur la mémoire collective

Pendant une semaine, Anaïs a recueilli des témoignages lors de rencontres fortuites et a pris de nombreuses photographies pour élaborer une œuvre d’art questionnant : « Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? » Cette mission revêt pour elle une dimension d’enquête, mais également un parcours spirituel. « Mes grands-parents paternels étaient du Croisic, et j’y venais souvent durant mon enfance. Ces racines me sont chères », confie-t-elle. Elle a vécu la catastrophe à travers les médias, mais a eu du mal à saisir son ampleur. « En pensant à mes grands-parents, cela a été un choc. À distance, l’ampleur du drame était incroyable ! », ajoute-t-elle.

Rencontres et témoignages au cœur de sa recherche

Pour mieux comprendre les impacts de cet événement tragique, elle a interrogé les habitants : « J’ai visité des commerces ; chaque nouvelle rencontre entraînait une réaction en chaîne. Les gens étaient très ouverts et intéressés. J’ai également demandé des ressources à la mairie, et j’ai accumulé une vingtaine de témoignages », partage-t-elle. Bien qu’ils soient souvent réticents à mettre des mots sur leurs souvenirs, les Croisicais utilisent des métaphores puissantes pour exprimer leur vécu. « Il s’agit d’un appel à leur créativité, j’encourage chaque sens à s’exprimer dans mes échanges », explique Anaïs.

A lire également :  27 artistes, amateurs et professionnels, exposent à l'ancienne criée jusqu'à dimanche

Des souvenirs marquants : entre le noir et le blanc

Visuellement, une phrase a particulièrement frappé Anaïs : « C’était tout noir ! » Les habitants ont partagé des comparaisons évocatrices : « C’était comme de la bouse de vache ou du chewing-gum ». Les odeurs ont également joué un rôle, tout comme ce témoignage poignant d’une femme : « Le silence ! Pendant une semaine, pas un seul cri de mouette. Jamais je n’avais expérimenté un tel calme au Croisic ». Pour elle, cet événement reste un traumatisme, à l’instar des professionnels de la mer qui, malgré leur pragmatisme, parlent du « mal de la nourriture polluée ». Un autre habitant n’a pas pu s’empêcher de crier : « Le Croisic est perdu ! »

Une évolution artistique et personnelle

Le séjour d’Anaïs a été révélateur pour sa démarche créative : « C’est un contraste entre le noir et le blanc. J’ai photographié la côte avec tous ces panaches d’écume. Cependant, je peine à intégrer la noirceur de cet événement. Étrangement, cela a coïncidé avec Noël, une période que l’on associe à la neige », réfléchit-elle. À mesure de ses découvertes, ses sentiments se mêlent : « Je tente de marier l’histoire collective avec ma mémoire personnelle et celle des autres ». En exprimant son désir de partager une photo de son œuvre avec ses professeurs, elle évoque l’incertitude de la forme finale de sa création.

Une réflexion profonde sur les mémoires durables

Pour conclure, Anaïs partage une pensée engagée : « La marée noire a disparu du paysage, mais elle persiste dans les mémoires. Cependant, le noir lui-même a-t-il vraiment quitté notre présent ? »

Note : Anaïs Lelièvre a demandé à ne pas être photographiée durant cet entretien afin de préserver l’intégrité de sa démarche artistique.

A lire également :  L'Art Éveille la Chapelle du Crucifix

Laisser un commentaire